MADAGASCAR
INTRO (par Gilles):
Ce sont « LES CLOWNS SANS FRONTIÈRES » qui m’ont parlé pour la première fois d’une problématique à propos des jumeaux à Madagascar.
Marik W. connaissait particulièrement bien le sujet pour avoir effectué plusieurs missions sur cette île. Elle m’a tout expliqué: c’est un truc super sérieux en fait ce tabou sur cette île... et ça ne fait pas rire du tout les rois ici !!!
Pour résumer, à l’est de l’île, les jumeaux portent malheur, et à l’ouest, ils portent bonheur !
Après avoir un temps imaginé ne travailler qu’avec des enfants monozygotes dans cette partie du monde, je décide de garder des hétéros au sein
de mon travail, à Tuléar... Histoire de ne pas faire, moi aussi, un délit de faciès sous prétexte que je suis « né à deux », du bon côté de la rive...
Tulear 11 juillet 2009, 22H (par Sam)
Nous sommes arrivés de nuit,
légèrement inquiets,
Madagascar ayant été le lieu de très récentes et très violentes émeutes.
L’air est très moite en sortant de l’avion.
Nous rencontrons Isabelle,
régisseuse pour Clown sans Frontière lorsqu’ils se produisent ici
entre mille autres engagements.
Elle nous rassure immédiatement.
Notre travail est tellement court,
nous arrivons d’un autre hémisphère,
avec un timing si serré,
dans des lieux, avec des gens dont les conditions de vie sont très difficiles,
que la qualité des contacts sur place est déterminante,
notre travail s’inscrit alors dans la continuité du leur,
même sous la forme d’une parenthèse.
Du coup, nous ne rencontrons que des gens incroyables,
réellement, viscéralement engagés au sein de leur communauté.
Des gens bien en somme,
comme Isabelle donc, ou Samir au Maroc, Chucho en Colombie Kanar en Cisjordanie..
A chaque fois
une leçon.
Le premier soir :
nous assistons à une soirée karaoké hommage à Mickael Jackson
à l’hotel « chez Alain »,
dont nous sommes par ailleurs les seuls clients.
Le lendemain:
Nous tournons dans le centre préscolaire Felana,
toute petite école autogérée par Claudine, la directrice, qui me file un coup de main avec son fils pour l’installation de notre studio, dans une des 3 salles de classe
(qui sert par ailleurs d’entraînement pour un club de kung fu,
animé par son mari.)
Tout se passe comme du papier à musique,
il fait bon,
on mange des steak de zébu à midi,
Le deuxième soir,
nous nous baladons avec Isabelle et son fils Marik,
je découvre l’océan Indien.
(contre champs: la plage envahie par les déchets)
Tulear 13 juillet 2009
(par Sam)
Tournage.
La petite Paulhina ne sait pas comment faire pour se dessiner,
elle panique un peu,
"Ca ne marche pas, dit-elle en mimant le geste de l'institutrice"
puis y arrive, ravie.
Nous apprenons l’histoire de la malédiction des jumeaux de Madagascar :
Il y avait un guerre.
Assiégé, le roi des provinces de l’Est l’île fut contraint de fuir avec sa cour.
Mais il oublia ses enfants,
deux jumeaux.
Lorsqu’il s’en rendit compte, pressé par sa femme,
il retourna les chercher le soir même.
Il les retrouva, mais fut fait prisonnier, et exécuté,
au petit matin.
Du coup,
dans un pays où le sida fait des ravages, où le gouvernement corrompu ne donne aucune aide aux écoles, où il n’y a pas de voirie, où toutes les aides sociales proviennent d’ONG, et bien, les gens des campagnes de l’Est de l’Ile
considèrent les jumeaux comme responsables de leur malheur,
et ces derniers sont bannis, avec leur familles
de la collectivité…
Bertholdine 5 ans Tulear (photo G.P)
Nous repartons reposés,
après une ballade à l'extérieur de la ville pour aller voir un arbre
qui a poussé sur le corps d'une jeune fille enterrée vivante
par la population
dans des temps anciens.
Ce qui aurait détourné un fleuve,
et sauvé la ville.
Effectivement, il n'y a pas de rivière au pied de l'arbre,
et c'est un arbre d'eau...
Gilles dernier passager sur le tarmac de l'aéroport de Tuléar, 20h30 (photo S.L)
La photo que nous n’avons pas prise (par Gilles):
Une photo de groupe avec l’équipe d’un documentaire produit par la même boite que nous, Gédéon, croisée dans l’avion pour Tulear. Ils avaient pour mission de ramener un 52’ en 12 jours dont le sujet était l’écosystème sur l’île de Mada…
Remerciements :
Marik Wagner, Clowns sans frontières, Isabelle Marie, Claudine Razafialisoa, le préscolaire Felana Tanambao, Fatah Ahiavao, Jacqueline Nirahiko, l’association Mondobombibi, Jessy..
Conclusion (par Gilles):
Je pense à Pierre, mon frère jumeau... je me demande comment nous nous serions dessinés à 6 ans si un adulte était venu à notre rencontre, avec des crayons pour qu’on trace nos autoportraits...